Le saxophoniste et chanteur camerounais est mort à 86 ans après avoir été infecté par le Covid-19. De Manu Dibango, on retiendra son tube planétaire « Soul Makossa », un talent de saxophoniste hors pair, un leader de la culture et de la musique africaines, mais aussi ce rire tonitruant qui était sa plus belle signature… Il reste pour toujours ce « bâtisseur de pont entre l’Occident et les Afriques », comme il aimait se définir. Né au Cameroun, à Douala, en 1933, il s’initie à la musique en fréquentant le temple protestant, où sa mère dirige une chorale, tout en écoutant des disques français, américains et cubains sur le gramophone familial. Après l’obtention de son certificat d’études, il part pour la France poursuivre sa scolarité, avec trois kilos de café dans sa valise pour payer ses premiers mois de pension… Entre la Sarthe, Chartres, puis Reims, il découvre une autre culture, se passionne pour le jazz et apprend tout à la fois le piano, la mandoline et le saxophone, et commence à se produire sur scène. Embauché par le chef d’orchestre de l’African Jazz, Joseph Kabasele, surnommé Le Grand Kallé, il parfait sa formation musicale, enregistre des disques et multiplie les tournées en Afrique. Jusqu’au bout, le Grand Manu – l’un de ses surnoms – aura continué à conjuguer la musique au présent – il a animé pendant des années La Maraboutique sur Africa Radio, où il fit connaître le patrimoine musical africain oublié – et à assurer une soixantaine de concerts par an à plus de 80 ans…